bAb el-bAhr

Carthage:

 

Carthage, nom magique qui ouvre les portes d'un passé lointain, mais qui parait encore palpable tant il est encré dans notre imaginaire.


Quel Touriste, n'a jamais vu, en -814, la belle Princesse Phénicienne Elissa négocier avec les tribus locales l'achat d'une terre pour asseoir sa future cité ? 

Que celui qui n'a jamais passé un moment sur les quais du port marchand Punique, au milieu de la bousculade et des cris des marins qui s'affairent sur le pont des navires, ferme les yeux et tende un peu l'oreille. Ils sont tous là : Italiques, Grecques, Egyptiens, Phéniciens, Chypriotes, Celtes, Libyens, Numides, Ibères, Matelots, Commerçants, Suffètes, Esclaves, Mercenaires…tous occupés à leurs affaires. La barrière du temps qui nous sépare d'eux n'est pas si épaisse qu'on se l'imagine, c'est tout au plus un voile presque transparent.

Montons au sommet de la colline de Byrsa offrir des présents au temple d'Eschmoun.
Des prêtres aux tenues somptueuses se livrent au fond des temples sombres, à des rituels mystérieux dans les volutes des fumées d'encens qui piquent encore un peu nos yeux.

Qui n'a pas traversé les pentes enneigées des Alpes juché sur un éléphant caparaçonné, au coté du fier Annibal ? Qui n'a pas campé sous les murs de  l'orgueilleuse Rome, la défiant du geste et de la voix ? 
Et quel écolier n'a pas assisté en -146, la gorge nouée, à la lutte désespérée de la Carthage Punique agonisante?

Carthage, ville Phénix. La Rome jalouse, envieuse de ton prestige, relèvera finalement tes murs effondrés sous les hordes incultes armées par sa main. Mais Rome sombre à son tour victime de sa démesure. Les Byzantins qui en sont les héritiers directes, puisent à pleines mains à dans les richesses de la proconsulaire et de la Byzacène...

Et histoire se répète : en 439 les Vandales viennent étancher leur soif de richesses et d'or dans les temples et les palais de la Carthage Romaine. Les Byzantins, en 533 reprennent  la place et ramassent ce qui a été oublié. En 695 la ville tombe aux mains des Arabes. Elle est reprise en 697 par le Patrice Byzantin Jean, et en 698 sur un dernier assaut, Carthage livre aux Arabes ce qui reste de ses lustres passés : une montagne de pierres taillées, de chapiteaux sculptés, de colonnes de marbre polis, mais, emporte dans les limbes ses derniers secrets.

Extraordinaire héritage, de styles, de formes, d'Histoire, il sera réinvesti dans les bâtiments que les nouveaux venus bâtiront, à Tunis cette fois, comme pour respecter le repos de la colline épuisée par 15 siècles de lutte.

Carthage meurt une nouvelle fois, Tunis naît, et rassemble dans un gigantesque musée vivant (puzzle) une collection d'éléments Architectoniques exceptionnels et disparates. Socle, colonnes, chapiteaux, pierres taillées, placages, pavements, frises, mosaïques, tout reprend forme, fonction, s'adapte, se complète, s'unit, s'harmonise.
Le chapiteau Punique fait enfin la paix avec le fut de colonne Romaine, l'art apaise l'orgueil des hommes, calme les passions.

Désormais Caton harangue le vent du désert. C'est Carthage qui triomphe finalement. Elle est toujours là, dans les colonnes de la Grande Mosquée de Tunis, dans les Palais des Emirs, des Bey et des Pachas, dans la maison du boulanger, dans les murailles de la ville, dans ses fondations, sur ses murs, dans ses musées.


Carthage Eternelle, toujours vivante, malgré les efforts faits pour la museler, elle se raconte … écoutons la....



02/01/2009
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