Urbanisme et Organisation de la Médina
La médina de Tunis est à l'image d'un arbre,
dessiné sur une colline qui domine le Lac de Tunis.
Au sommet se trouve la Kasbah : Lieu de résidence des princes de plusieurs dynasties. Tel un aigle posé sur la cime de l'arbre, c'est la tête, le centre de commandement politique et militaire de la cité. Sa position dominante lui permettait de surveiller le Lac, qui arrivait autrefois bien plus près qu'aujourd'hui de Bab el Bahr (porte de la mer), et de contrôler les routes caravanières qui convergeaient vers la ville. Les Princes, les garnisons, les casernes ont disparues, mais des Ministères, le palais de Justice, la Maison du Parti sont toujours présent au sommet de la colline.
Tout à coté, se trouve la Grande Mosquée Ez-Zitouna (la Mosquée de l'Olivier) Edifice Vénérable, il est le point fort structurel de la médina, le ciment de la communauté des Croyants. La Grande Mosquée est le pivot de la médina. Et, tout autour, d'autres mosquées, des médersas, des zaouïas, des palais, des hammams, les souks aux activités raffinées donnent le souffle et animent. C'est le COEUR MEDINA
La rue Jama Ez-Zitouna est l'axe d'irrigation commerciale qui part de Bab El Bahr jusqu'au sanctuaire. Son tracé presque rectiligne est la continuité naturelle de la voie qui relie la Médina à la berge du lac de Tunis. Les cartes anciennes font déjà apparaître ce chemin. Les marchandises débarquées sur les berges du lac, étaient acheminées le long de cet axe et réparties dans la ville, comme la sève monte dans un arbre, des racines jusqu'aux branches les plus hautes, de la mer jusqu'aux SOUKS. Mais également à partir des pistes caravanières nord-sud qui se rassemblaient au pied de la colline pour franchir l'isthme.
Les richesses commerciales s'échangeaient le long de ce tronc, de cette colonne vertébrale, pour aller nourrir les quartiers. Les denrées les plus nobles se répartissaient dans les souks autour de la Grande Mosquée: Encens, Parfums, Fruits secs, Livres, Étoffes, Or, Argent....Esclaves (noirs).... puis, en fonction de leurs nuisances dans les quartiers excentrés, jusqu'en périphérie, comme les planètes gravitent autour d'un astre.
A partir de cet axe majeur, un labyrinthe de ruelles -les branches-déroulent leurs fantaisies ou se perdre
La médina, aux VIIe et VIIIe siècles était défendue par un fossé, puis elle fut entourée de remparts. Elle a vu des faubourgs se développer dans la plaine au Nord et au Sud de la colline. Ces nouveaux quartiers furent à leur tour fortifiés. La façade Ouest du promontoire domine une plaine marécageuse: la sebkha Sejoumi. (Sebkha=lacs salé) A l'Est s'étale le lac de Tunis, Porte sur la Méditerranée.
Aujourd'hui presque toutes les fortifications ont disparues. Seules subsistent deux des 7 portes qui hier défendaient la ville: BAB EL BAHR et BAB JEDID. Des avenues sinueuses marquent le tracé des murailles emportées par le temps. Le nom des anciennes portes animent encore les lieux et renforcent notre imaginaire: BAB CARTHAJNA, BAB SOUIKA, BAB BNET, BAB MENARA, BAB AL-JAZIRA en plus des deux déjà nommées pour l'enceinte historique. Puis: BAB EL KHADRA, BAB EL-ASSEL, BAB SAADOUN, BAB ALOUJ, BAB SIDI ABDALLAH, BAB SIDI KACEM, BAB EL GORJANI, BAB EL-FELLAH, BAB ALOUIA, perçaient les murailles des faubourgs.... La Kasbah, possédait ses propres fortifications, et 3 portes: BAB INTAGMî, qui communiquait avec la médina, BAB JABALIYYA qui s'ouvrait coté Nord, BAB EL-GHADR à l'Ouest.
(J.REVAULT dans son ouvrage Palais et demeures de Tunis mentionne une autre porte coté sud sans donner son nom).