Mosquée de Sidi Mahrez
Cette Mosquée doit son nom "de Sidi Mahrez" en raison de sa proximité avec la zaouïa du Saint patron de Tunis. A l'origine, elle avait comme nom: al-jédid "La neuve"
Muhammad Bey (1686-1696) fils de Mourad II Bey, entreprit en 1692 la construction de cette belle Mosquée de style Ottoman, pour preuve de son allégeance à la Sublime Porte.
La construction de cette Mosquée atypique marque la croissance économique retrouvée après des années de guerre civile. L'originalité de la Mosquée dite "de Sidi Marhez est due à son architecture résolument d'inspiration Ottomane.
La mosquée Yeni Djami d'Istambul en fût le model. Elle est un signe fort d'allégeance de la part du vassale Mouradite à la Sublime Porte.
Inachevée à la mort du Prince, son frère Ramadan Bey (1696-1699) qui lui succède, terminera l'ouvrage en 1697. Le Minaret octogonal, qui devait occuper l'angle Nord-est de la cour n'a jamais été construit.
Elle est bâtie au dessus d'un ancien lieu de prière toujours en fonction: la Mosquée "el-Fellari", qui date de la fin de la période Hafside (1229-1574)
C'est le modeste minaret de forme carré -marque du rite Malékite- de cette dernière, qui sert au Muezzin de la Mosquée de Sidi Mahrez pour appeler les fidèles à la prière.
L'histoire épique de Muhammad Bey:
Mûrad II Bey (1666-1675) à sa mort laisse 3 fils: Muhammed, Ali et Ramadân.
En août 1675 le Diwan nomme Muhammed fils de Murad comme Bey, mais face aux contestations de Ali et de muhammed El Hafsi leur oncle, le Diwan se rétracte et tranche deux mois plus tard, en octobre en faveur de Muhammed el-Hafsi frère de Murad et oncle des prétendants.
En décembre 1675, Muhammed fils de Murad reprend le pouvoir exile son oncle à Istanbul et se maintien au poste durant une année.
Début 1677 Ali fils évince son frère. Début 1678 Muhammed tente un coup d'état qui échoue. En octobre de la même année Muhammed El Hafsi rentre de son exil avec le titre de Pacha et conclut une alliance avec Muhammed contre Ali. En décembre 1679 un accord est conclus entre les membres de cette famille turbulente, aux termes de ce statu-quo :
1_Ali, fils de Murad conserve ses fonctions de Bey
2_Muhammed El Hafsi prend la charge de Pacha
3_Muhammed Bey, Fils de Murad occupe le poste de gouverneur de Kairouan.
En garantie de son allégeance, à son frère Ali Bey, Mohammed Bey laisse son fils en otage avant de partir prendre ses fonctions. Mais 2 ans plus tard, en 1682 le fragile équilibre est rompu par l'assassinat de l'otage.
Le Dey Ahmad Shalabi profite du délitement du pouvoir et fait nommer un de ses proches, Mohammed Manyut au Beylicat
Face au péril de voir la Dynastie sombrer à cause de leurs différents, les deux protagonistes font une trêve et demande en 1685 à Ibrahim Khuja, Dey d'Alger de les aider pour rétablir le pouvoir aux mains de la famille règnante.
Tunis assiégée tombe après un siège de plusieurs mois.
La ville est pillée, le Dey illégitime s'enfuit, Ali Bey est assassiné lors d'un conseil sous la tente du Dey d'Alger et deux jours plus tard le même Ibrahim Khuja Dey d'Alger, donne l'ordre d'étrangler Ahmad Shalabi Dey.
Muhammed Bey après dix ans de luttes fratricides et de désordres s'impose en 1686. Il consacra son énergie à relever le pays, à rétablir l'ordre et la sécurité. Il encourage la production artisanale traditionnelle de la chéchia, portée au rang industriel par les Andalous. Il construit à cet effet contre Dar el Bey un souk moderne, spacieux en remplacement du vieux souk des chéchias qui se trouve rue de la Kasbah un peu plus bas que la mosquée de Hammouda Pacha tout à coté du souk El Hafsi. Il entreprend de grands travaux hydrauliques pour l'industrie et l'irrigation. Un effort important est fait pour améliorer la distribution de l'eau dans Tunis.
La Porte Sublime récompensa son vassal de la bonne gestion du pays. La fin de son règne fut à nouveau troublée par les ambitions et la jalousie du Dey d'Alger. Il perd son trône à la fin de 1694 mais est rappelé au pouvoir par ses sujets dès le début de 1695.
Il s'éteint en octobre 1696