Les Phéniciens
C'est un panthéon complexe et que nous connaissons mal, qui animait la ferveur des Phéniciens et des Puniques
Les divinités qui ont accompagnées au XIIe. s. av. J.-C., les téméraires marins Phéniciens venus essaimer leurs comptoirs commerciaux tout le long du littoral sud de la méditerranée, et celles qui en -814, ont favorisées l'entreprise d'Elissa et de ses compagnons fuyants la cupidité de Pygmalion, roi de Tyr, se sont installées dans les temples bâtis en leur honneur par les nouveaux venus en terre d'Afrique.
Les ancêtres des dieux Phénico-Punique, étaient nés sur le sol du croissant fertile. C'est une bande de terre qui s'étend du golf Persique, au bassin de Nil en englobant toute la façade Est de la méditerranée. Sur cette terre, de grandes civilisations se disputeront leurs zones d'influence. Les Egyptiens au Sud, les Hittites et les Assyriens au Nord et les Babyloniens à l'Est... Sur la bande littoral Est de la méditerranée, s'étoffera une entité culturelle née de leurs conflits : la Phénicie
Le royaume d'Ougarit en Phénicie, se situait à la charnière de l'empire Hittite, au nord et de la région sous influence Égyptienne au sud. Des textes de Ras Shamra, cité d'Ougarit, située actuellement en Syrie, près de Lattaquié nous éclairent sur l'organisation du panthéon qui sera à l'origine des croyances Phénico-Punique :
Au sommet, siège le dieu El associé à sa parèdre Elat, puis, leurs enfants : le fils Mot, génie de l'été et de ses chaleurs étouffantes, mais aussi symbole du blé, et leur fille Anat qui est une guerrière sanguinaire. On trouve dans ce panthéon d'autres dieux : Baâl dieu de l'orage, appelé aussi Hadad, son fils, Aleyan-Baâl, combattra Mot le fils de El. Aleyan-Baâl perdra ce combat et sera relégué dans les enfers. Mais Anat sacrifia son frère Mot et le traita comme on traite le blé : coupé avec une faucille, grillé, puis moulu. De ce sacrifice, renaitra Aleyan-Baâl. Il deviendra le dieu des sources, le génie de la végétation printanière. Elat, parèdre d'El, tentera de séduire Baâl qui repoussera ses avances, ce qui provoquera un conflit entre les trois divinités. Anat fille d'El, prendra parti pour Baâl qui sortira vainqueur et évincera El.
Un autre récit, « Le cycle de Baâl », retrouvé également à Ougarit, fait état d'un combat qui oppose Baâl, dieu des orages et Yam, le dieu des mers. L'origine du conflit, est la décision d'El de transmettre son trône à Yam. Baâl conteste cette décision et Yam fait prisonnier le dieu Baâl. Aidé par Kothar, Baâl tue Yam et se fait reconnaitre pour dieu suprême. Il invite toutes les divinités du panthéon à un festin pour célébrer sa victoire, un seul refuse de se rendre à l'invitation, il s'agit de Mot fils d'El, qui est présenté dans ce récit comme dieu de la mort. Furieux, Baâl descend aux enfers pour obliger Mot à venir, mais il ne revient pas de son expédition. Son absence provoque la sécheresse sur la terre, car Baâl est le dieu des orages. C'est Anat (qui est ici la sœur de Baâl), aidée par la déesse du soleil, Shapash qui provoque Mot et gagne la bataille, ce qui permet à Baâl de réapparaitre, et d'engager un combat contre Mot. Il n'y a pas de vainqueurs, et finalement, un accord commun donne à Mot la souveraineté sur les enfers et à Baâl le pouvoir de régner sur la terre.
De nombreuses autres divinités et génies étaient reconnus par les Phéniciens, glanés lors des influences civilisatrices qu'ils côtoyaient lors de leurs voyages ou qu'ils subissaient de la part de leurs puissants voisins. Les cités-états qui formaient la Phénicie, se reconnaissaient à travers une écriture commune, des intérêts maritimes et commerciaux communs une langue sans doute commune émaillée de dialectes locaux, et une religion ou le rang attribué aux divinités était mouvant et les particularismes régionaux nombreux. Ougarit avait pour dieu Baâl, Tyr, se trouvait sous la protection de Melqart, à Chypre, c'est le grand prêtre d'Ashtart qui accompagne Elissa dans son exil, etc.…
Rapidement, en terre étrangère, à l'instar des hommes, les dieux ont fait souche. S'adaptant et puisant dans les forces vives du lieu ou ils prenaient racine, le meilleur, le plus beau, le plus efficace. Epousant telle déesse, que les autochtones vénéraient depuis des lustres, ou se glissant sous la tunique de tel autre dieu local, récupérant au passage nombres de dévots, mais exhaussant les prières du Libyque, comme celle du Phénicien. Les deux d'ailleurs, y trouvaient là, matière à rapprochement.
C'est ainsi Asherat, la belle déesse Phénicienne à tête de lion, se transformera en génius terre africae, elle vivait sous le même toit que Baâl Hammon, le Phénicien, qui se transformera en Saturne pour survivre, quand les romains tenteront d'effacer l'héritage Punique. Elle cohabitait avec la déesse Nutrix, celle qui allaite son enfant, (mais il est possible que Nutrix soit une autre manifestation de Tanit, qui était protectrice des accouchements). Nitrix, se transformera plus tard en Vierge à l'enfant dans l'occident chrétien.
Les Phéniciens et les Puniques, étaient des hommes ouverts sur le monde, près à reconnaitre le dieu de l'étranger, qui, s'il se révélait puissant, trouvait naturellement sa place au sein du grand panthéon Punique.